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La vie est galère
15 juin 2013

Paroles, paroles, paroles

Samedi 15 juin – Paroles, paroles, paroles

Hier, je me suis offert un instant de bien-être dans une eau à 30°c…Vous connaissez sans doutes ce confort bien douillé comme lorsque nous baignions dans ce liquide amniotique dans le sein de notre mère (je n’ai jamais compris pourquoi il était d’usage de dire dans le ’sein’ alors que ça se passe un peu plus au sud) ?

 

Bla-bla-bla, direz-vous !

Bon, nous pouvons en rester là, car cela n’a aucun intérêt effectivement…quoique…

 

Alors qu’accoudé sur le bord de la margelle je reprenais mon souffle après un dos-crawlé à faire rougir toutes les enclumes et autres clés-à-molettes, une femme s’approche et me dit à peu près ceci :

« Ah, je ne sais plus nager. Cela fait douze ans que je n’ai pas nagé, alors vous comprenez les bras ça va, mais les jambes ça ne marche pas »

 

Surpris, je lui réponds :

« Oui, je comprends…12 ans sans nager…mais avec un peu d’entraînement et en essayant d’abord seulement avec les bras, il m’étonnerait que vos jambes ne suivent pas »

 

ERREUR, je n’ai rien compris sur l’instant et j’ai répondu au premier degré. Stupide. Ou peut-être n’avais-je pas envie de nouer un dialogue avec les oreilles remplies d’eau qui n’entendent pas, ou ne savent pas écouter dans cette situation. La suite aussi insolite qu’elle soit allait le prouver.

 

-Elle : « il faut dire que je ne me sens pas très bien…mon mari est mort depuis x semaines. C’est dur vous savez après y années de mariage. Je pense tout le temps à lui… 

et patati-et patata…»

 

-Moi : « hum…oui…hum…oui, je comprends…bon…hum…alors…hé bien…oui… »

 

 

J’ignore si ce partage, ô combien inadapté et imprévisible pour moi

 (dans une piscine et si peu de temps après la perte de l’être cher…enfin, bon),

a permis à cette femme de se sentir un peu mieux.

Ce que je sais, c’est que je ‘’n’ai pas été bon sur ce coup-là’’.

 

Tout ceci pour dire combien :

1/-les gens (vous savez, les autres) ont besoin de parler. Certains le font tout de go, d’autres hésitent, d’aucuns s’abstiennent et gare aux dégâts !

2/-écouter n’est pas si facile même si l’on n’est pas sourd.

 

 

Une chose est difficilement opposable à l’affirmation selon laquelle ‘’ECOUTER’’ n’est pas aussi simple qu’entendre le bruit d’un ULM au-dessus de mon toit au moment où j’écris et qui ne me dérange pas.

 

Alors je profite lâchement de cette occasion pour oser dire que j’ai connu, je connais, et je connaîtrai encore, des personnes qui ont ce besoin latent de parler.

 

La parole libère les inhibitions et soulagent la douleur. Comme un profond soupir en proie à une peine explicite ou pas. Comme un apport d’oxygène au cerveau qui tourne en boucle sur une situation stressante. Un grand bol d’air pour déconnecter les synapses et les dendrites, bref tout simplement les neurones,  de ce complexe de répétitivité.

 

Comme une éponge saturée par les larmes cachées d’un chagrin épuisant, toi qui me lis demande aide et écoute pour pouvoir t’aider toi-même, et à aider autour de toi si tu le souhaites. Ne reste pas seul(e) en pensant parvenir à ‘’gérer’’ ta peine et celle des autres de surcroît.

 

-Des associations spécifiques proposent une écoute aux personnes en souffrance, aux familles accompagnant l’un des leurs dans une ‘’longue maladie’’.

-Un(e) ami(e) sachant écouter sans interrompre et sans se projeter dans ta douleur.

-Un psy en ville, mais ce n’est pas gratuit, devrait savoir écouter.

 

Rester isolé dans ces situations conduit inévitablement à l’épuisement, au born-out.

 

Si la question de la formation à l’écoute empathique, selon Carl Rogers, pose parfois question quant à l’écoute neutre et bienveillante, ne faut-il pas se rappeler que l’on n’est pas à la place de l’autre et que chacun est unique dans sa structure comme dans son vécu.

 

Alors, attention aux conseils donnés.

Il est préférable de  ’’tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire :

« Je vous ai compris » (même notre grand Général, avec tout le respect dû à son œuvre, s’y est quelque peu fourvoyé lors d’un discours inoubliable pour trois générations au moins).

 

 

L.G.

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